Exposition à la Galerie du Tableau
Marseille
On est perché sur une colline, un monticule modeste juste
avant la ravine. On scrute vers le lointain, on envisage l’ailleurs
et s’il y a mieux à vivre. Plusieurs chemins s’esquissent et on ne
sait lequel choisir. Alors on regarde sous ses pieds, on cherche
de la profondeur et si quelque chose nous y attend. On saute,
on descend dans la peinture comme on creuse un tunnel. On
y traque ce qui remue sous la boue, c’est jouissif, c’est ingrat,
c’est laborieux. On cherche la bonne vitesse, la vitesse de
la peinture et aussi sa lenteur. Puis on finit par remonter à
l’échelle. Un Sisyphe sous un ciel bien bleu. On croit à l’embellie.
On a donné rendez-vous.
Pour cette nouvelle série de peintures, j’abandonne la docilité
de l’acrylique pour le gras bien vivant de l’huile. Le point de
départ peut être une image, un souvenir, une sensation, un
détail sur lequel je m’arrête pendant plusieurs semaines, le
temps du tableau. À force d’être travaillé, regardé de si près,
le sujet perd un peu de sa réalité. La question devient alors
« quand s’arrêter ? », à quel moment la toile est finie ou sur le
point de devenir totalement une autre. La série que je présente
à la Galerie du Tableau a été réalisée entre septembre et
novembre 2021 et forme une sorte de cartographie mentale
de ce moment, avec des étapes et des intentions.